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EAU BLEUE - PRÉCIPITATIONS - ÉVAPOTRANSPIRATION : cela impacte l'irrigation et les perspectives d'avenir pour assurer les besoins agricoles

Photo du rédacteur: Phacelia Marlène VissacPhacelia Marlène Vissac

Le cycle de l'eau bleue est de plus en plus affecté par le changement climatique, malgré les volumes d'évapotranspiration qui augmentent. Ce qui accroît inévitablement les conflits d'usage dans les territoires. Combien d'outils de production n'envisagent aucune évolution de leurs itinéraires techniques ou des aménagements potentiels et attendent, par exemple, la via dominitia, qui promet une augmentation de l'irrigation d'ici 12 ans ?!


Non seulement plus il fait chaud, moins il pleut et plus les végétaux souffrent de stress hydrique, et donc les cours d'eau ou les nappes ne permettent plus d'acheminer les besoins en eau.

Mais plus il fait chaud plus les évapotranspirations augmentent et les précipitations deviennent de moins en moins efficaces*. À la différence de la production énergétique, l'irrigation consomme la majorité de l'eau prélevée en raison de l'évapotranspiration des plantes.

Pour réaliser ce travail de recherche, l’agence s’est basée sur trois scénarios prospectifs d’usage :

  • « tendanciel », qui prolonge les tendances passées ;

  • « politiques publiques », qui simule la mise en place des politiques publiques récemment annoncées ;

  • et « de rupture », qui se caractérise par un usage sobre de l’eau.


Seul le scénario de rupture permet de contenir l’augmentation des consommations. Ce scénario envisage de s'appuyer sur :

  • « une réduction de la consommation de viande de 50 % par rapport à la consommation actuelle »,

  • l’abandon de la construction de nouvelles retenues de substitution (ou mégabassines),

  • « le développement de pratiques agroécologiques »

  • et un déploiement contenu des surfaces équipées en irrigation (+12 % entre 2020 et 2050).


Sur le territoire de la ferme Phacelia & cie (qui déploie les stratégies Hydronomie) dans le Ségala Aveyronnais à 500m d'altitude, il y a une accumulation de 1200mm de précipitations pour l'année 2024. Pourtant, lors de la plantation de saule, avec la tarière à 60 cm de profondeur le 10/12/24 le sol était sec comme une fin d'été !

Synthèse des relevés météorologiques pour 2024 sur la ferme Phacelia & vcie
Synthèse des relevés météorologiques pour 2024 sur la ferme Phacelia & vcie

OÙ SONT PASSÉS CES 1200 MM DE PRÉCIPITATIONS ?

L'année 2024 marque l'année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre. Dans ces conditions, les précipitations sont immédiatement mobilisées par le végétal qui augmente son activité métabolique et évapotranspire une immense partie des précipitations. Résultats :

  • baisse de la qualité nutritive des cultures, des herbacées prairiales ;

  • baisse du rechargement des nappes et des cours d'eau ;

  • augmentation du volume de vapeur d'eau dans l'atmosphère (gaz à effet de serre) ;

  • diminution de la minéralisation, donc de la fertilité des sols et donc de leur capacité à retenir l'eau.


Si l'eau d'irrigation permet de gonfler les volumes de production, elle diminue la qualité nutritive des cultures, des prairies. Le bilan carbone des fermes s'en retrouve impacté. Ces évolutions climatiques sont à considérer sérieusement et "rapidement". Les outils de production sont artificialisés par les pratiques agricoles mais sont influencés par les écosystèmes qui les environnent. Ces écosystèmes évoluent en fonction des évolutions climatiques. Et leurs réponses varient suivant leur résilience, leur conditions pédo-climatiques. Certains écosystèmes sont plus impactés que d'autres comme le montre cette étude menée sur 8 mois en Australie. Même si l'Australie est loin du contexte Français, les réponses des végétaux ont beaucoup à nous apporté. Cette étude a révélé que le réchauffement réduisait la photosynthèse chez toutes les espèces de la forêt de Daintree. Les taux de photosynthèse ont chuté en moyenne de 35 % dans les feuilles chauffées par rapport aux témoins non chauffés. Cette baisse est due à deux facteurs clés.

  1. Premièrement, les pores des feuilles, appelés stomates, qui permettent au dioxyde de carbone d’entrer et à l’eau de s’échapper, sont devenus moins ouverts en réponse à l’air plus sec autour des feuilles réchauffées.

  2. Deuxièmement, les températures plus élevées ont interféré avec les enzymes essentielles à la photosynthèse, réduisant ainsi leur capacité à fixer le carbone.


Même après huit mois de réchauffement, les arbres ont montré peu de capacité à s’adapter aux températures plus élevées. Ils n’ont pas amélioré leur capacité à photosynthétiser efficacement à des températures élevées, ni modifié la température maximale à laquelle la photosynthèse pouvait être maintenue. Cela conforte l’idée selon laquelle ces arbres pourraient déjà fonctionner à proximité de leurs limites thermiques. Ces découvertes portant sur une absorption réduite de carbone et d’une diminution des pertes d’eau dues à la fermeture des stomates sous des températures plus chaudes s’alignent sur le concept d’une « impulsion affaiblie » de l’échange d’eau dans les systèmes tropicaux.


Cela a des implications significatives pour le cycle mondial de l’eau. Alors que la fermeture des stomates peut limiter les rejets d’eau dans l’atmosphère, une atmosphère plus sèche extrait simultanément plus d’humidité des arbres, créant ainsi une dynamique complexe. La réponse des forêts tropicales (ce qui est le cas de la forêt de Daintree) au réchauffement affectera sans aucun doute le cycle de l’eau. D'autres études ont également souligné les effets néfastes du changement climatique sur les écosystèmes tropicaux, notamment une atmosphère plus chaude et plus sèche. Les environnements tropicaux de plaine sont déjà proches des limites physiologiques de la photosynthèse. Cela laisse peu de place aux arbres pour s’adapter à la hausse des températures et aux conditions plus sèches. Combinées aux prévisions de réchauffement et d’assèchement issues des modèles climatiques, ces études révèlent que les forêts tropicales sont moins résilientes face au changement climatique, affaiblissant ainsi leur rôle de poumon de la Terre.


COMMENT ACCOMPAGNER LES CULTURES LORS DES FORTES ÉVAPOTRANSPIRATION ?

Cependant toutes les espèces ne sont pas également vulnérables. Des recherches récentes montrent que les espèces à croissance rapide sont moins affectées par le réchauffement que celles à croissance lente. Bien que cela soit prometteur, il est important de garder à l’esprit que les espèces qui vivent plus longtemps jouent le rôle le plus important dans le stockage du carbone à long terme.


Ces résultats soulignent l'urgence de protéger les espaces sauvages, les outils de production diversifiés permettant de limiter l'ampleur du réchauffement climatique par les émissions de dioxyde de carbone. Les stratégies de conservation devraient se concentrer sur le maintien de la biodiversité pour améliorer la résilience hydrique des agroécosystèmes et sur l’identification des espèces qui ont un plus grand potentiel d’acclimatation dans un monde qui se réchauffe.

« On peut développer des modes d’agriculture en se passant d’irrigation, mais ça implique notamment de reformuler la politique agricole commune. » Julie Trottier, chercheuse

Mettre les cultures à l'ombre est donc une priorité en mélangeant les espèces pionnières d'arbres agroforestiers et les espèces de canopée Cela permettra d'optimiser l'irrigation qui doit être efficiente pour maintenir un effet de fraîcheur et non plus pour faire gonfler les productions. Les choix culturaux doivent être revus selon les capacités des sols et les ressources propres aux territoires.

 

France Stratégie vient de publier un rapport et une note d'analyse consacrés à la demande en eau à horizon 2050 : https://www.strategie.gouv.fr/publications/demande-eau-prospective-territorialisee-lhorizon-2050


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